Remontons quelques années en arrière.
Nous sommes en octobre 1973, Georges Pompidou est Président de la République et, sous l’effet conjugué d’un pic de production aux Etats-Unis en 1971, de la sortie du même pays des accords de Bretton-Woods (fin de l’étalon-or) et des conséquences de la guerre du Kippour, les prix du baril flambent, passant de 3 à 18 dollars (de l’époque) sur le marché libre.
Six ans plus tard (1979), Valéry Giscard d’Estaing affronte le second choc pétrolier, conséquence de la révolution iranienne et de la guerre Iran-Irak. Le prix du baril se trouve alors multiplié par 2,7, ce qui nécessitera aux économies de trouver :
– Des substitutions au pétrole et ses dérivés dans la production d’énergie, notamment auprès du nucléaire;
– Des moyens de réduire la consommation des véhicules.
Quarante ans après, la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien a conduit à une hausse des prix du pétrole, hausse que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a contenu en augmentant sa production. Mais l’affaire de l’assassinat (présumé) du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au sein de l’ambassade d’Arabie saoudite à Istanbul pourrait bien relancer le pétrole sur la pente haussière : la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont adressé un communiqué commun à l’intention du gouvernement de Ryad pour demander une « enquête crédible ».
Les Etats-Unis pourraient brandir l’arme des sanctions économiques contre l’Arabie saoudite, et certaines entreprises américaines (Ford ou JP Morgan, par exemple) ont d’ores et déjà annulé leur participation au salon « Davos du désert », prévu du 23 au 25 octobre.
Reste qu’avec le poids économique (pétrolier) de l’Arabie saoudite, une réplique pourrait être cinglante, et conduire à une hausse spectaculaire du baril.
Si les conséquences sont difficiles à prévoir, ce nouveau choc forcera la révision globale du système énergétique.
Au-delà de toute fiscalité « carbone », mise en avant par les nouveaux titulaires du « prix d’économie de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel » (abrégé « Prix Nobel »), c’est la géopolitique qui pourrait être le moyen le plus efficace pour réduire la consommation d’énergie fossile.
À quand le prix Nobel de la paix pour l’Arabie saoudite pour « sauvetage de la planète par les prix » ?