L’économie mondiale commence 2016 par un sévère ralentissement, notamment venu de Chine. La reprise américaine semble déjà s’essouffler, tandis que la politique monétaire de la zone Euro ne parvient pas à relancer sérieusement l’économie réelle. Malgré des quantitative easing à répétition, le Japon demeure durablement ancré dans la déflation et l’absence de croissance… Ce repli économique semble bien surprenant, si l’on considère les volumes d’argent frais émis par les banques centrales depuis la crise de 2008, et les évolutions sur leur bilan, ce qui revient à poser la question de l’efficacité de telles mesures. Keynes se serait-il donc trompé ?
D’après The Economist (http://www.economist.com/news/briefing/21693205-policymakers-rich-economies-need-consider-some-radical-approaches-tackling-next), la raison principale de l’échec des mesures monétaires vient du « deuxième fusil », à savoir la politique gouvernementale qui n’a notamment pas agi sur deux axes principaux :
- La relance de la demande, par un stimulus fiscal
- La réforme de la fiscalité, particulièrement complexe dans les pays développés, à savoir une lecture simplifiée, une progressivité, et une universalité. Ceci signifie qu’elle ne doit pas influer sur ce que l’on produit, ce que l’on consomme, voire même sur le volume de travail.
Or plusieurs questions se posent :
- Avec 104% du PIB en dette publique aux Etats-Unis, 93% en zone Euro et 237% au Japon, toute relance par la fiscalité conduira nécessairement à une hausse de l’épargne, y compris venant des foyers peu aisés. The Economist balaie cette idée d’une façon particulièrement amorale, en suggérant, d’une façon ou d’une autre, une annulation partielle des dettes souveraines.
- A l’approche d’élections majeures aux Etats-Unis, en France et en Allemagne, une simplification des codes des impôts semble bien éloignée, d’autant que l’idée du prélèvement à la source viendra encore opacifier le CGI français.
Une relance par l’offre a bien été tentée, mais elle demeure particulièrement limitée et inadaptée aux changements structurels des économies mondiales. Ce que l’on appelle l’économie numérique, et, in extenso, l’ubérisation de l’économie n’est, au final, qu’un retour aux sources du capitalisme : l’individu en capacité de fournir un bien ou un service, offre ce dernier en contrepartie d’une rémunération. Cette économie, moins formelle que celle du 19ème et du 20ème siècle, nécessite une évolution de la pensée économique classique…
Ressortir les vieilles stratégies keynésiennes n’entrainera pas d’amélioration.