A l’occasion de l’ouverture au Parlement du débat d’orientation budgétaire portant sur la loi de finances 2017 et de l’analyse de l’exécution budgétaire 2015, et alors que les défenseurs du « sérieux budgétaire », notamment l’Allemagne, se retrouvent esseulés face à la France et l’Italie après la décision de retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne, un vieux débat entre les différentes écoles de pensée économique (celle de Chicago et celle dite autrichienne) commence à ressurgir sur l’effet des politiques budgétaires en période de crise, entre austérité et relance ?
– Du côté Keynésien, la dépense publique doit fonctionner de façon contra cyclique, à sa-voir se rétracter en période de croissance, et augmenter en période de crise, pour com-penser les baisses de consommation et/ou d’investissement privés. Elle s’appuie, pour étayer son propos, sur le multiplicateur keynésien, à savoir la croissance générée par une augmentation de la dépense publique… d’investissement,
– Du côté Ricardien, les mesures de relance ou d’austérité sont relativement neutres sur l’activité économique, la hausse de la dépense publique entraînant celle de l’épargne par anticipation des hausses d’impôt futures, et, dans le cas inverse, un décalage dans le temps des dépenses en anticipation de la future baisse des impôts (pourquoi dépenser aujourd’hui, alors que l’on disposera demain de plus à dépenser).
Au sortir de l’exécution budgétaire 2015, la Cour des Comptes pointe le dysfonctionnement de l’État, arguant que les baisses de dépenses, en rythme et volume, ont été essentiellement supportées par les collectivités locales, avec une certaine résilience par ailleurs, tandis que l’État n’a – pratiquement – pas fait d’effort : si le rythme d’augmentation des dépenses diminue, la baisse n’a pas encore été entamée… et les dépenses d’investissement ne représentent que 5% de la totalité de la dépense publique de l’État.
Keynes avait circonscrit son multiplicateur aux dépenses d’investissement, et c’est ce que le plan Juncker a notamment mis en avant ! Que penser dès lors de l’expansion/extension de ce facteur aux dépenses de fonctionnement depuis le 1er choc pétrolier ?