Le feuilleton du LiborUSD (taux de référence interbancaire pour les emprunts libellés en dollar, coté à Londres) va connaître – enfin – son épilogue au détriment des places européennes. Pour mémoire, le taux Libor correspond à la moyenne des taux auxquels les banques déclarent se prêter entre elles, pour une maturité donnée (entre 1 jour et 12 mois). Cet aspect déclaratif a permis à quelques banques d’afficher un taux plus bas que la réalité, leur permettant de générer de meilleurs résultats. Si la banque Barclays a été la première à pratiquer cette méthode en 2005, pour laquelle elle sera sanctionnée d’une amende de 350 M$, cette pratique s’est généralisée lors de la crise interbancaire de 2008.
Le soupçon de collusion entre les banques a été soulevé à partir de juillet 2012, à la suite de la découverte de mails laissant entendre des accords entre traders de banques concurrentes pour abaisser volontairement le taux auquel elles se seraient prêtées entre elles. L’Association des banquiers britanniques est alors démise de ses fonctions de supervision du Libor. En décembre 2012, UBS paye 1,2 Mds$ d’amende aux Etats-Unis, 160 M£ au Royaume-Uni et 59 MCHF à la Suisse. En décembre 2013, c’est l’Union Européenne qui condamne huit banques pour un total de 1,49 Mds€ pour les manipulations du Libor mais aussi de l’Euribor qui n’avait pas échappé à cette manipulation. En avril 2015, c’est Deutsche Bank qui débourse 2 Mds€ pour solder les poursuites américaines et britanniques.
Ces manipulations des taux interbancaires ont conduit les autorités américaines à créer, en 2014, la Commission des taux de référence alternatifs (ARRC). Ce regroupement de grandes banques internationales a proposé, ce jeudi 22 juin 2017, d’utiliser le taux « repo » (taux d’emprunt d’Etat américain au jour le jour), en remplacement du LiborUSD. L’ARRC travaille désormais à la transition des emprunts en LiborUSD vers ce nouvel index, encore en gestation. Seuls les nouveaux contrats intégreraient ce nouveau taux, afin d’atteindre un certain volume, avant de transformer les contrats existants.
Pas de révolution pour les emprunts (structurés, ou simplement indexés sur le LiborUSD, et libellés en dollar), mais il faudra néanmoins attendre les premières cotations de référence pour vérifier les éventuelles incidences. Quoi qu’il en soit, les emprunts prévoient toujours une clause en cas de « modification ou disparition des taux ou indices de référence », qui substitue le nouvel index à la référence précédente.
À suivre …