Les taux d’intérêts réels à moyen/long terme se tendent progressivement sous l’effet conjugué d’une inflation molle et d’une économie plus dynamique.
Pour autant, leur valeur absolue peut être encore considérée comme faible (CMS 10 ans à 0,85% et 20 ans à 1,42%). Les liquidités abondantes conduisent à une assez vive concurrence entre les prêteurs. Les collectivités locales entrent dans la deuxième phase du mandat (d’autant plus si ce dernier venait à être allongé d’un an). Toutes ces conditions peuvent/doivent favoriser une gestion opportuniste du risque de taux et du risque de liquidité, tant en ce qui concerne l’encours existant que la sécurisation des futurs projets et de leur financement pour lesquels des emprunts seront à mobiliser sur les prochains mois/années. L’approche « gestion de projet » et « division du risque » entre prêteurs est particulièrement appréciée de ces derniers et à cette heure la question des critères d’octroi du solde du PSPL de la CDC ne sont pas encore parfaitement connus.
Cette période de rendez-vous budgétaire et de préparation des DOB/ROB paraît très propice pour s’interroger sur une vision stratégique de sa dette et mettre en œuvre les moyens d’aborder avec sérénité et sécurité les prochains exercices budgétaires rendus plus tendus par la recherche des 13 milliards d’euros d’économie demandées par le nouveau Président !
Parmi ces moyens de gestion active mais sécurisante de la dette, figure l’utilisation des instruments de couverture, désormais parfaitement encadrés par les textes (circulaire de juin 2010 et loi bancaire d’août 2014). La limite de cet exercice, pourtant à la portée légale et règlementaire de toute collectivité, vient du mauvais souvenir laissé par les produits structurés/toxiques. Les élus, quels qu’ils soient, ne veulent pas entendre parler de Swap ou de Cap. Ce sont devenus des « gros mots » imprononçables devant un conseil alors que ces outils sont simples, efficaces et permettent aux décideurs de garder totalement la main sur leur gestion du « risque de taux » tout au long de la vie des contrats. Et d’ailleurs, aucun banquier ne les propose spontanément sous prétexte que c’est « soit disant compliqué » et que les taux sont bas ! Là ne se situe pas la question mais ce discours convient – aujourd’hui – aux élus…!
Pardon, mais ne sont-ce pas ces mêmes élus – ou leurs pères/pairs – qui ont utilisé à tour de bras, sur les bons conseils des banques, les produits structurés à un moment où les taux étaient hauts et qu’il fallait trouver des marges de manœuvre ? Chacun sait comment s’est – presque – terminé ce long épisode !
Un produit de couverture est, comme son nom l’indique, un produit de sécurisation et rien de plus ! Alors pourquoi ne pas se donner les vrais et bons moyens de conserver son autonomie de gestion en se projetant sur l’avenir et en sécurisant autant que possible la couverture du besoin d’emprunt futur et le niveau des frais financiers à un moment où, pour employer une formule devenue à la mode, les planètes sont alignées, aussi, pour les collectivités ?