Les habitués de ces colonnes ne seront pas surpris par les propos qui vont suivre.
Une information, pourtant essentielle pour le financement des investissements, et notamment celui du secteur public, est passée sous silence. Le Conseil de stabilité financière (FSB, Financial Stability Board), l’organisme du G20 en charge de la régulation financière, a présenté, lors du sommet du G20 qui s’est tenu les 15 et 16 novembre dernier à Antalya (Turquie) un principe selon lequel, les 30 plus grandes banques mondiales (dont la Société Générale, BNP Paribas, le Groupe Crédit Agricole et le Groupe BPCE) devront, à l’horizon du 1er janvier 2022, pour éviter toute rupture de liquidité, augmenter leurs fonds propres à hauteur de 18% (avec une 1ère étape à 16% au 1er janvier 2019) de leurs actifs pondérés en fonction des risques. Cette décision fait suite aux conclusions présentées en novembre 2014 (déjà !), quelques jours avant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 à Brisbane (Australie) par ce même conseil de stabilité financière.
Cette exigence de fonds propres, qui dépasse largement la réglementation actuelle de Bâle 3, aura nécessairement des répercussions sur le coût des ressources et donc sur les marges des crédits intermédiés (c’est-à-dire des crédits bancaires). Mais elle risque aussi d’en avoir sur les acteurs eux-mêmes et notamment sur ceux qui prêtent au secteur public et qui pourraient peu à peu s’en détourner. Il faut garder à l’esprit que leur seule rémunération provient des marges de crédit puisque les organismes publics ne sont, pour la plupart, pas bancarisés.
Dans ces conditions, il nous semble plus que jamais nécessaire d’anticiper au moins la fin des mandats en cours, en s’assurant des moyens futurs de financement des investissements et de s’intéresser (avant qu’il ne soit trop tard) aux offres de la Caisse des dépôts, au modèle de l’Agence France Locale ou à tout autre moyen ou source de financement qui pourrait permettre à des non-banques de participer au développement public local tel que le croud-founding ou l’entrée sur ce secteur, discrète mais progressive, de certains institutionnels comme les assureurs sous des modes directs ou indirects.
N’oublions jamais la crise de liquidité de 2010-2011 et la valeur «du verre d’eau dans le désert» !