Après Standard & Poor’s et Moody’s, c’est au tour de Fitch d’abaisser la note de la France.
Vendredi soir, après clôture des marchés, Fitch a abaissé la note de l’Hexagone de « AAA » à « AA+ », en lui assignant une perspective stable, ce qui signifie qu’aucun nouveau changement de note n’est à ce jour envisagé pour les 2 années à venir.
L’agence française, qui emboîte le pas à Standard & Poor’s (janvier 2012) et Moody’s (novembre 2012) explique que l’endettement de la France va culminer à 96% du PIB en 2014, avant de baisser progressivement jusqu’à 92% en 2017. Fitch anticipait en décembre un pic à 94%, au-delà duquel le « AAA » n’était plus cohérent. « Les chiffres de Fitch se situent dans le bas de la fourchette des estimations en raison des incertitudes concernant les perspectives de croissance et la persistance de la crise de la zone euro, même si le gouvernement maintient ses objectifs de consolidation budgétaire », explique le communiqué publié vendredi. « En raison de cet endettement durablement élevé, la marge de manoeuvre permettant d’absorber de nouveaux chocs sera réduite. »
Dans son argumentaire, l’agence de notation souligne aussi le bond du chômage et le « maintien par l’Union européenne d’une procédure de déficit excessif pour la France pendant une année supplémentaire ». En outre, pour Fitch, le PIB devrait se contracter en 2013 avant d’augmenter à 0,7 % en 2014. Se référant aux constats dressés par l’OCDE et le FMI, l’agence évoque les défis structurels, en particulier le déclin de la compétitivité er des rigidités persistantes du marché du travail et des biens et services.
Mais, toute comme les deux autres grandes agences, Fitch salue aussi la volonté de réforme : « Depuis son arrivée au pouvoir l’an dernier, le gouvernement socialiste a lancé un ambitieux programme de réformes structurelles en particulier le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi ». Autre point positif : l’amélioration de la qualité des actifs des banques françaises, de leur financement et de leur niveau de capitalisation « bien qu’elles maintiennent une importante exposition à l’Italie ».
Concernant les risques liés à la zone euro, Fitch note que la crise s’est atténuée grâce aux efforts budgétaires et à la politique de la Banque centrale européenne. « Cependant, la crise de l’euro n’est pas terminée. »
Pour réviser son jugement, l’agence va être attentive à la diminution du déficit budgétaire et du ratio d’endettement et à la reprise de l’économie française.
Pour Moscovici, la dette française est parmi les plus sûres
Le ministre des Finances a immédiatement réagi. « Nous réaffirmons la détermination du gouvernement à poursuivre la réduction des déficits publics, le rétablissement de la compétitivité et le redressement de l’économie française pour soutenir la croissance et l’emploi », a assuré Pierre Moscovici. Tout en ajoutant que « la dette française est parmi les plus sûre et les plus liquides au sein de la zone euro, bénéficiant de taux historiquement bas, preuve de la confiance réaffirmée des investisseurs. »
Taux d’emprunt historiquement faible
De fait, l’Hexagone se finance à des conditions très favorables sur les marchés financiers. Le taux pour emprunter à 10 ans est même tombé à 1,66 % il y a quelques mois, un plus bas de son histoire. Il est actuellement à 2,19 %. Le taux moyen auquel le Trésor a effectivement emprunté cette année à moyen et long terme ressort même en-dessous : à 1,39 %.
Si la dette française n’a jamais été chahutée après les dégradations de sa note par S&P et Moody’s, c’est en effet parce qu’elle est difficile à remplacer dans le portefeuille des investisseurs étant donné son énorme encours (1400 milliards d’euros) et sa note relativement bonne. Son taux un peu plus élevé que la dette allemande en fait une alternative de choix. Enfin, la faiblesse des coûts d’emprunt s’explique aussi par des facteurs exogènes : les banques centrales, en injectant massivement des liquidités, ont nettement contribué à cette situation.
AFP – 15/07/2013