L’étude de la Banque Postale « Regard financier sur les petites villes » pour l’Association des petites villes de France (APVF) présentée le 12 juin lors des 17e assises de l’association à Annonay (Ardèche) confirme les craintes de ses membres : la santé financière des petites villes mesurée, entre autres, par la dépense moyenne (de 1 441 euros/hab), l’épargne brute (de 219 euros/hab), les dépenses d’investissement (de 356 euros/hab) ou l’encours des dettes (autour de 900 euros/hab) est globalement bonne.« Mais pour une partie de ces villes de 3 000 à 20 000 habitants , les prochaines années vont être très difficiles financièrement » prévient Thomas Rougier, directeur des études de la Banque postale.
Disparités de plus en plus fortes
En effet, avec la baisse constante de la DGF, les disparités constatées dans cette étude entre ces villes – déjà confrontées à des réalités géographiques, socio-démographiques, économiques et politiques bien différentes – pourraient s’accentuer.
Les ratios concernant la dette, identifiés par la Banque Postale, illustrent cette crainte. Si l’encours de dette moyen se situe à 901 euros/hab., les situations sont très disparates selon le profil de ces villes : une sur quatre a un stock de dette supérieur à 1 100 euros/hab., alors qu’un autre quart ne subit qu’un niveau de 480 euros/hab. Et, « dans la mesure où cet encours est un stock dont les effets se cumulent sur plusieurs années, les disparités entre les territoires vont s’accentuer », pronostique Thomas Rougier.
De même, la capacité de désendettement, est jugée bonne avec un encours de dette équivalent à 4,1 années d’épargne brute, « mais ce chiffre pourrait se détériorer au cours des prochaines années compte tenu des tensions attendues en matière de ressources de fonctionnement », redoute Thomas Rougier. « Pourtant, elles ont encore la possibilité de s’endetter », ajoute-t-il, sans toutefois croire à un tel scénario. En effet quel élu prendra cette décision avec toutes les incertitudes actuelles autour de la capacité d’autofinancement de sa ville, dans un contexte de désendettement général et de très faible acceptabilité fiscale ?
355 villes dans le rouge – Déjà, la banque postale a identifié 355 villes, soit 11 % du total des petites villes en France, dans une situation « préoccupante » avec une capacité de désendettement « d’ores et déjà supérieure à 10 ans ». C’est le cas par exemple de la ville de Saint-Flour (Cantal, 7 000 hab.) : « compte tenu de la fragilité de mon budget et de la situation de centralité de ma ville qui nécessite un haut niveau de service avec des coûts fixes importants, j’estime que mon équilibre budgétaire ne pourra être maintenu que si les dispositifs de péréquation sont renforcés », s’alarme le maire Pierre Jarlier, qui ne peux plus jouer sur la fiscalité, déjà très haute.
Actuellement, il a pu amortir la baisse de la DGF globale évaluée à 4,7 % en 2014 par une hausse de péréquation de 5,6 %, mais son épargne brute s’est déjà dégradée et ses dépenses d’équipement sont en retrait de 7 %. « Il faut veiller à ce que les prélèvements soient compatibles avec la capacité de contribution de chacun », prévient-il. A Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire, 15 000 hab.), le statut quo n’est déjà plus possible : « Les baisses de la DGF de 9 % et de la compensation d’exonération d’imposition pour les faibles revenus de 11,7 % – qui touche de front une ville péri-urbaine populaire comme la nôtre – nous ont poussé à relever nos taux de 4 points », se désole Marie-France Beaufils, sénatrice-maire. Quant aux travaux de rénovation de la piscine, ils sont déjà retardés…
(Le Club Finances La Gazette des communes)
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