De quoi sera faite la croissance de 2019 ?
C’est la question centrale des débats économiques actuels, mais également celle des collectivités locales, dont les élus auraient bien aimé finir leur mandat en beauté.
Si 2018 aura été l’année du ralentissement de l’économie française, avec une croissance de 1.5% après 2.3% en 2017, elle aura finalement plutôt bien résisté aux soubresauts du mouvement des Gilets Jaunes qui ont certes impacté le moral des français et le « petit commerce indépendant », sans pour autant trop impacter le PIB (+0.3% sur le T4, comme pour le T3).
Mais ce chiffre cache en réalité une situation très paradoxale. Cette croissance « surprise » du T4 a été tirée presque exclusivement par des exportations (meilleure performance depuis 2012), notamment grâce à Airbus et à la vente d’un paquebot, tandis que les ménages ne profitaient pas de la hausse de leur pouvoir d’achat (cf. ci-dessous) pour consommer, ni investir (pm la consommation des ménages représente à elle seule un peu plus de la moitié du PIB).
Quand on sait les efforts et concessions faites par le Gouvernement en réponse aux Gilets Jaunes – mais pas que – (augmentation de la prime d’activité, suppression des cotisations maladies et chômage, etc.), ciblés sur les ménages à faibles revenus qui ont tendance à consommer tout euro supplémentaire, on est en droit de penser que le moral des ménages devrait repartir rapidement à la hausse, et la consommation avec. En tout cas, c’est ce que le Gouvernement espère pour tirer la croissance de 2019.
Mais, l’observation de cette consommation sur une période longue met en évidence son déclin, qui constitue, comme nous l’avons déjà souligné, le moteur historique de la croissance française. Ainsi, la consommation des ménages n’a augmenté que de 0.8% l’an dernier, soit moins que le PIB.
C’est l’investissement des entreprises qui a pris le relai ces deux dernières années et a soutenu la croissance. Mais là aussi, après trois trimestres d’augmentation (+0.3%, +1.2%, +1.7%), on remarque une tendance au tassement (+0.3% au T4).
Rappelons que le Gouvernement table sur une croissance de 1.7% pour cette année, alors que si l’on suit le rythme actuel de +0.3% par trimestre, elle devrait plus se rapprocher des 1.1% ! Pour atteindre ce chiffre de 1.7% il faudrait donc un gain de croissance de +0.55% par trimestre, ce qui parait plus que compliqué eu égard au ralentissement de l’économie mondiale et les incertitudes sur le Brexit, les tensions commerciales etc.
Dans un tel contexte, comment notre économie pourrait-elle redémarrer ?
Malgré une politique toujours accommodante de la BCE (notamment taux bas) destinée à relancer la croissance et les investissements, mais aussi à ne pas accentuer le poids de la dette publique et privée, le plus inquiétant réside dans l’absence de tendance de fond.
Alors que le redémarrage de l’économie de 2017 / 2018 n’a malgré tout pas permis un regain de la consommation, que pourra-t-il en être de 2019 ? L’investissement public local n’est guère plus brillant en cette année pré-électorale, traditionnellement marquée par un regain des investissements.
L’absence de confiance ne constituerait-elle LA réponse à toutes ces questions ?