« Pas de repos pour les braves », dit le dicton.
Cet été aura donc été secoué par les évolutions de la Livre turque. En effet, la devise EUR/TRY est passée de 5,8849 le 3 août, à 7,8419 le 13 août 2018, avec un plus haut en séance à 8,0824. À la clôture de ce vendredi 17 août, la devise était revenue à 6,8855.
Si cette situation a entraîné quelques remous sur d’autres économies émergentes (Inde, Afrique du Sud), le risque de contagion à l’économie mondiale semble limité. En effet, l’évolution spectaculaire de la devise est le simple reflet du contexte économique spécifique à la Turquie :
• Déficit important de la balance courante, anticipé à 6% pour 2018 après 5,5% en 2017 (chiffres COFACE de juin 2018) ;
• Près de 52% de la dette détenue à l’extérieur de la Turquie, et libellée en USD, ce qui rend l’économie d’autant plus sensible aux évolutions de la devise ;
• Une inflation forte (15% en juin 2018), héritage des années de forte croissance précédentes (6,1% en 2015, 3,2% en 2016 et 7,4% en 2017), mais également liée à l’évolution de la devise (inflation importée) ;
• Qui plus est, la Banque centrale turque n’a pas pu augmenter ses taux directeurs pour absorber la hausse de l’inflation, du fait d’un refus catégorique du président Erdogan.
Le risque sur les économies développées est très faible. Les taux longs européens sont en baisse depuis le début du mois d’août (-10pb pour le 10 ans européen, à 0,86%), et n’ont pas dévié malgré les soubresauts turcs. De même, les parités EUR/CHF et EUR/USD sont en baisse depuis début août, bien avant la crise turque.
Comme chaque année, la torpeur estivale n’a pas empêché quelques mouvements sur les marchés financiers… mais la situation reste assez calme pour envisager sereinement la rentrée.