Dans son dernier baroud d’honneur, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a annoncé une nouvelle opération de TLTRO qui se fera en deux temps, en 2019 et 2021, et le maintien des taux directeurs jusqu’en 2020. Les signaux envoyés dans l’industrie, allemande et automobile notamment, ont laissé entendre une croissance capriccioso, à tout juste 1,1% d’après les dernières prévisions de l’institution monétaire de Francfort.
N’oublions pas que le mandat de la BCE n’est pas la croissance mais l’inflation, et, qui plus est, sa maîtrise afin qu’elle atteigne, peu ou prou, 2,0%.
Il faut admettre qu’à 1,5% en février, la cible est encore assez loin et reste trop liée aux variations du prix du baril : hors énergie, l’inflation atteint péniblement 1,3% en février 2019.
Lorsque la croissance annuelle des prix à la consommation avait atteint 2,3% (son plus haut depuis 2013) en octobre 2018, l’inflation hors énergie restait péniblement cantonnée à 1,5%.
Exerçant la plus grande prudence, à l’heure où les Etats-Unis remontait leurs propres taux directeurs, la BCE a choisi de les maintenir, tout en interrompant son quantitative easing au 1er janvier 2019.
Ces faibles valeurs de croissance et d’inflation ne doivent en conséquence pas faire oublier qu’elles ne sont que péniblement atteintes alors que la perfusion monétaire a été colossale (60/30 Mds€ mensuels d’achats d’actifs).
Comme pour toute cure de désintoxication, la normalisation monétaire devra forcément faire mal. La FED, comme à son habitude, y était allée prestissimo avec 8 hausses de taux directeurs entre 2017 et 2018. La BCE choisit la version douce… quitte à euthanasier la croissance.
Après tout, le Japon vit en QE depuis 20 ans assorti de taux nuls ou négatifs, et n’a pas l’air de s’en porter si mal.
En attendant, les taux courts sont négatifs (floorés à 0% dans les contrats d’emprunt) et les taux longs très bas (moins de 0,60% pour le CMS 10 ans), autant en profiter habilement !