Le prochain Président de la Banque centrale européenne (BCE), qui remplacera Mario Draghi à l’automne 2019, a déjà une feuille de route toute tracée.
La réunion de politique monétaire du 6 juin dernier a clairement précisé qu’il n’y aurait pas de hausse de taux avant le premier semestre 2020, au mieux, et aussi longtemps que nécessaire afin d’assurer la convergence de l’inflation vers des niveaux proches mais inférieurs à 2,00% à moyen terme… C’était déjà les propos tenus en 2018.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir réalisé des politiques conventionnelles de baisse de taux directeurs, puis moins conventionnelles de LTRO, TLTRO et Quantitative Easing. Mais l’inflation en Zone Euro se refuse à repartir : anticipée à 1,20% en mai 2019 après un « sommet » à 1,70% (en avril 2019) ou 2,20% en octobre 2018 (mais sous l’effet d’une hausse des prix de l’énergie). La croissance dans la même Zone atteint péniblement 1,10% en 2018, avec une prévision de 1,20% pour les T1 et T2 2019 (en rythme annualisé).
Peut-on encore (nous faire) croire que l’expansion monétaire à outrance peut créer les conditions favorables à une reprise économique solide, au lieu du gonflement artificiel de bulles économiques, nourri par une liquidité trop abondante ?
Il est dorénavant clair que ce n’est pas le but recherché et le président de la BCE l’avait bien souligné lors de son arrivée (outre le sauvetage de l’Euro) : la BCE assure le coût de la dette en attendant que les États fassent les réformes et efforts nécessaires pour alléger la dette avant de libérer à nouveau les marchés de taux.
L’argent « gratuit » n’a pas vraiment incité aux réformes et la dette des États (en volume, pas nécessairement en points de PIB) a continué sa progression, conduisant la BCE à poursuivre sa politique du toujours plus bas. Résultat : la courbe des taux est négative jusqu’au CMS 6 ans, et le CMS 10 ans descend sous 0,25%.
Cette situation, très favorable aux emprunteurs (0,72% sur 15 ans sur les dernières consultations), n’est pas près de s’arrêter, incitant même certains économistes à mélanger œuf et poule et suggérer que la dette n’est plus un problème puisque les taux sont très bas et qu’il faudrait accélérer l’endettement (qui est, par les mesures des Banques centrales, la raison même de ces taux bas !). Les perdants du système restent les épargnants, mais cela ne semble plus gêner personne dans un continent dont la population vieillit.
Qui que soit le successeur de Mario Draghi à la tête de l’institution monétaire, il sera coincé dans une équation budgétaire et financière insolvable. Préparez-vous à des taux bas pendant encore de longues années ! Une amélioration de l’autofinancement et des taux bas devraient favoriser la relance de l’investissement public local et territorial !