Depuis la fin de l’année 2018 les marchés sont plongés dans une incertitude croissante trouvant principalement son origine dans les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi que dans le Brexit.
Les anticipations de hausses des taux aux Etats-Unis et en Europe, un climat sur le marché des actions quelque peu tendu notamment à cause de résultats décevants pour cette fin d’année, s’ajoutent à ces éléments déjà perturbants.
La liste pourrait encore s’allonger. Devant ce flot d’indicateurs au résultats divers et parfois contradictoires, ont tous en commun d’être pendus aux lèvres des différents présidents de Banques centrales. En effet, chaque mot est pesé, réfléchi, et analysé, chacun cherchant en leurs discours les signes annonciateur d’un avenir que nul – et peut-être même pas eux – ne peut prédire avec certitude.
Mais les marchés ont cette magique tendance à l’auto-réalisation. Les Banques centrales l’ont bien compris. Ces dernières ont rapidement vu là une opportunité de tirer avantage de cet effet pervers. Puisque les agents pèsent, réfléchissent et analysent, et donne corps à l’expression des dirigeants.
La Forward Guidance, est ainsi un outil de communication utilisé par les Banques centrales pour influencer les anticipations de marchés. La BCE ne fait pas exception à la règle puisque Mario Draghi lui aussi en fait usage. Ni trop précis sur les prévisions, ni trop floue, chaque information divulguée ainsi que les mots utilités sont étudiés de façon à ce que chacun puissent si possible aboutir à une même conclusion.
Les spéculations vont bon train sur les techniques qui sont utilisés pour dégager les signaux voulus par les dirigeants des Banques Centrales. Des mots utilisés, à la construction même du discours, certains vont même jusqu’à tenter de relier la couleur de la cravate de Draghi avec la nature de son discours. Si cet outil s’avère très efficace, la crédibilité en est une clé de voute majeure. C’est pourquoi une déconnexion totale entre le gouvernement et la Banque centrale est absolument nécessaire.
Lorsque Donald Trump a appelé Jerome Powell à régner sur la Fed, beaucoup ont tremblé en s’interrogeant sur les liens entre les hommes. Fort heureusement J. Powell a rapidement pris son indépendance, soulevant de fortes critiques de la part du Président qui tweetait alors « C’est incroyable qu’avec un dollar très fort et virtuellement aucune inflation, (…) la Fed puisse seulement penser à une nouvelle hausse des taux. »
Celui-ci avait alors mit Powell en place en espérant une politique de hausse des taux. Ce qui a été fait, et maintenu, contre toutes attentes… Alors la guerre Trump-Powell, encore un caprice « tweetomaniac » ou bien serait-ce plus compliqué.?