Theresa May a demandé vendredi dernier à Donald Tusk (actuel Président du Conseil européen) un nouveau report de la date butoir du Brexit au 30 juin. Ce nouveau délai lui permettrait de prolonger les discussions avec Jeremy Corbyn, dirigeant du parti travailliste (Labour) et leader de l’opposition.
Les trois dernières propositions d’accord négociées par T. May avec l’Union européenne se sont soldées par un refus au Parlement. L’appui des travaillistes permettrait à la Première ministre de réunir la majorité suffisante pour faire enfin ratifier son accord.
Michel Barnier comme Jeremy Corbyn étant relativement rigides sur leurs positions, Madame May semble se débattre dans une sacrée « Jelly » …
Si les britanniques ont commencé à établir des prévisions de l’impact du Brexit depuis qu’il a été voté – et ont rapidement établi qu’un Brexit sans accord négocié (no deal) serait le pire des scenarii – les Européens ont été un peu plus lents pour parvenir à la même conclusion.
Dès le début des négociations, Barnier s’est posé comme ayant l’ascendant sur May, faisant fi des coûts qu’un échec pourrait engendrer. À l’approche des élections européennes auxquelles les britanniques seront forcés de participer si le report au 30 juin est accepté (!?), l’équilibre des forces risque de se renverser. En effet, ce sont 73 sièges que les sujets de Sa Majesté sont sensés se partager au Parlement européen. Des sièges qui pourraient constituer des arguments de poids pour T. May dans ses négociations lorsque les Européens voudront les récupérer.
Côté marchés, les opérateurs, las d’une débâcle qui semble s’éterniser, ont fini par s’adapter. Ils ont identifié et écarté leur Cygne noir, le Hard Brexit (scénario « Lose-Lose »). Reste le risque inhérent à la date finale à laquelle il aura lieu, et aux termes de l’accord qui serait négocié. Mais les marchés créent de la valeur à partir du risque et ne sont donc pas contre un peu de matière. Business as usual est donc le mot d’ordre, notamment chez les anglo-saxons et les britanniques en particulier…
On peut ainsi le constater au jour le jour, (mis à part le cours de la Livre qui varie très légèrement au gré des annonces les plus importantes) que les marchés se sont immunisés aux annonces concernant le dossier Brexit, tant sur les taux obligataires, que sur le monétaire, ou les actions, les annonces portant la bannière de l’Union Jack passent inaperçues.
Les marchés ayant déjà intégré l’hypothèse d’un Soft Brexit, on peut s’attendre à ce que la tant attendue sortie soit des plus fluide, ce qui est une bonne chose en termes de taux. La Livre Sterling risque de se déprécier quelque peu dans un premier temps avant de revenir sur sa valeur historique, seuls les produits type Spread de taux GBP/CHF risquent de donner des sueurs froides.
En attendant, c’est à Theresa May de jouer ses prochaines cartes mais de quels atouts dispose-elle encore vraiment ?