1,7 Md€, c’est le montant total des amendes que la Commission européenne avait infligées en 2013 à plusieurs grandes banques, dont la Société Générale, la Deutsche Bank et RBS, à l’occasion du scandale de la manipulation des indices Euribor et Libor.
« Punir et dissuader ! ». Joaquin Almunia, alors Vice-président de la Commission européenne et Commissaire européen à la Concurrence s’était voulu ferme sur les sanctions de ces grands groupes bancaires, une façon de rassurer les agents économiques sur la fiabilité des taux de référence désormais entachée. Des milliers de milliards d’euros de produits financiers étant chaque jour indexés sur ces indices, rétablir la confiance des investisseurs s’imposait donc de façon cruciale.
Pour rappel, l’Euribor est défini quotidiennement par l’European Money Market Institute (EMMI) comme le taux moyen auquel se prêtent entre eux les membres d’un panel, à l’origine, de 57 grandes banques établies en Europe. Les contributeurs ne sont aujourd’hui plus que 19 !
Il a été ainsi facile pour les membres les plus important de manipuler la fixation de ces taux à la hausse ou à la baisse en « se trustant ». Ainsi, plusieurs traders de différents groupes, à travers des outils de discussion se voulant anonymes, avaient pris l’habitude de se mettre d’accord sur la tendance souhaitée des taux.
Aussi, pour redonner du crédit à ce taux de référence très largement utilisée, la Banque centrale européenne (BCE) en lien avec l’European Securities and Markets Autority (ESMA) et la Commission européenne ont, depuis février 2018, réuni un groupe de travail composé de 21 banquiers de la Zone Euro. Ces derniers ont pour missions d’établir un consensus sur une méthode de calcul qui garantira transparence et permettra de déplacer progressivement les références vers une nouvelle gamme de taux.
Une première publication faite en décembre dernier propose de substituer les soumissions de taux des banques par des offres fermes de prêts à taux fixes issues de plateformes reconnues. L’ESTER est déjà appelé à remplacer l’Eonia au terme d’une période de transition allant possiblement jusqu’en 2021.
Si une nouvelle ligne de taux sans risque sera mise en place dans les années à venir, l’Euribor ne tirera pas sa révérence et l’EMMI a déjà annoncé qu’il sera maintenu. Toutefois, sa méthode de calcul évoluera vers une méthodologie plus fiable.
Bien que l’EMMI assure vouloir mettre tout en œuvre pour conduire à une modification discrète et progressive, suivre cette affaire de près évitera de se laisser surprendre dans l’éventualité d’un mouvement plus brusque que prévu.